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Mes oiseaux rares
mardi 20 septembre 2011, par
Il a une belle plume, le Pierrot, en plus du coup de pinceau chamarré. Rien, ici, n’est écrit avec les palmes, pas même « académiques ». Et le ramage est à la hauteur du plumage. Ne vous attendez pas à trouver, en regard de ces oiseaux, dont aucun n’est de mauvaise augure, de ces textes de plate érudition, volant bas et ayant mis la poésie en cage. Ici, on rit des « faucons hâbleurs » et des « bécasses bonbons » ; on récite « L’épître de Saint Poule aux oeufs mollets » et, « loin des contes où la belle hulule à la love », On fait des trilles de verve et de verbes. « Les voyelles s’élisent en lasses labiales palatalisées ». Beau merle, Pierre illustre ses dessins d’un langage plus fleuri que les bosquets où s’exposent ses piafs. A vrai dire, il ne s’agit pas d’un commentaire : dessins et textes s’interpellent, dialoguent, chantent en choeur à plusieurs voix. A vrai dire, aussi, ce livre est bien plus qu’un livre sur les oiseaux. C’est un livre sur l’humanité, sur la société, la beauté, l’élégance, contre la grossièreté, la lourdeur, la tricherie. C’est un manuel de savoir vivre.
« Le grand paon de nuit a mis un disque de Chet Baker et débouché un flacon de calva hors d’âge ». Allez : On trinque ?
Pierre Joubert, Mes oiseaux rares, 25 euros.