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La main de la reine

mardi 7 juin 2022, par Gérard Lambert - Ullmann

Nous voilà chez les « habitants de l’écume », dans les récifs sauvages de Cornouaille, là où l’on guette la vague géante. On est « loin du Bassin de Trafalgar Square ». Le journaliste dont le travail consiste à « trouver des choses à raconter là où rien ne se passe » est venu jusque là à la recherche d’histoires sur les Morganes, ces sirènes fantomatiques censées peupler les brisants d’Holly, l’île qui n’est même pas sur les cartes.

Il pense passer une journée à lire les journaux de bord du phare. Il va rester bien plus longtemps et trouver bien plus que ce qu’il cherchait. Car ces registres que plus personne ne lit sont pleins des récits de Saskia, la petite orpheline au visage flamand, qui a passé les années de son adolescence à jouer à la gardienne de phare en compagnie de Lucien, le vieux taciturne fou de Vermeer, puis a « tenu » le phare, contre toute convention, après la mort de celui-ci. Saskia l’énigmatique qui n’était « qu’attente de la vie » mais qui « déréglait le rythme cardiaque » de ceux qui l’approchaient, et qui -depuis- s’est évanouie loin de l’île, laissant pour trace de son passage ces cahiers griffés de son écriture enfantine. Qu’est-elle devenue ? Danse t’elle en funambule sur le Gange ou dans le delta de l’Hudson ? A-t-elle réussi à devenir « la fiancée d’Arlequin » ? Mais surtout qu’a-t’elle vécu sur cette île qui l’a poussée à fuir ?

C’est ce que Lewis, le journaliste, va chercher à savoir auprès d’Odette Merveilleux, l’aubergiste digne du « mérite maritime » ; de Vanka, le carrier à l’allure de « jeune palmier », celui dont les mains de Saskia aimaient « arrondir l’épaule » ; et même en regardant Titus, le gorille comédien, boxer sans les mains. Et les secrets vont se dénouer, mettant lentement à nu l’histoire tourmentée de Saskia, la Morgane d’Awen Bell, la « petite loupiote » qui éclaira l’océan.

Gérard Lambert-Ullman

Daniel Morvan, La main de la reine, Le temps qu’il fait, 135 p. 18 €, ISBN 9782868536360