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Prix loin du marketing

jeudi 18 août 2022, par Gérard Lambert - Ullmann

Prix
Loin du marketing
Quatorzième édition

Comme son nom l’indique, le prix Loin du marketing est voué à honorer un écrivain dont les éditeurs n’ont pas les moyens de se payer placards en chêne dans la presse pipeule, attachées de presse aux jolies menottes, cocktails aux tam-tams et diners de connivence, renvois d’ascenseurs et de monte-charges, et, donc, ont peu de chances de voir leurs livres chroniqués dans les médias, et moins encore d’être invités par les bonimenteurs des radios et télés, pas plus que d’intéresser la plupart des libraires l’œil scotché sur le compteur des « meilleures ventes » et contraints de « faire du chiffre » pour payer le loyer.

Le prix Loin du marketing est donc voué à honorer un écrivain qui n’a pas bénéficié des stratégies conçues pour que ça marche et qui ne peut compter que sur la qualité de ses écrits pour qu’on s’y intéresse.

Le prix Loin du marketing sera décerné chaque année le 15 août pendant le sommeil des commerciaux.

Le prix Loin du marketing est un prix strictement honorifique. Son lauréat sera au mieux gratifié d’une bonne bouffe arrosée à sa convenance s’il s’aventure jusqu’à Saint Nazaire. Sa seule récompense sera de pouvoir dire : c’est moi qui l’ai mérité !

Le quatorzième prix Loin du marketing a été attribué le 15 août 2022
à Thomas Vinau pour l’ensemble de son œuvre.

« Ce qui est bien avec ces auteurs injustement oubliés ou méprisés, c’est qu’il suffit de tomber sur eux pour être sauvé du présent. Des mondes se cachent dans chacune de leurs phrases, des mondes aux portes ouvertes et aux ciels battants. »* Cette citation de Thomas Vinau pourrait suffire à résumer ce que cherche à faire entendre le Prix Loin du marketing. Il est donc normal que ce prix lui soit attribué, à la suite -fortuite mais logique- d’un de ces Clochards célestes qu’il a superbement salués : ce vieil ours de Pierre Autin-Grenier, parti goûter les muscadets de l’éternité inutile.

Pourtant, à la différence de certains des lauréats précédents de ce Prix, Thomas Vinau n’est pas un paria absolu chez les chroniqueurs de littérature. Il a même eu droit à se voir qualifier d’Espoir des lettres par le Figaro (sans que ça semble être une perfidie). François Bon, qui n’est pas un mauvais juge des livres méritant l’attention, en a donné une belle lecture sur son site. Et il est lauréat de deux prix au moins aussi célèbres que le Prix Loin du marketing : Les Prix Joël Sadeler et René Leynaud.

Mais cet accueil n’est en rien le produit d’un travail de marketing. Il le doit à son seul talent. Oui, ce mot ici n’est pas galvaudé, bien qu’il fasse un peu trop Salon de Rambouillet. Thomas Vinau est talentueux, et il l’est sans frime, en Père tranquille. Livre après livre, il pousse une chanson qui « parle à notre viande »** tout en nous câlinant d’images aussi délicates que bariolées, sans craindre de nous pincer aussi les zygomatiques. C’est peu dire qu’on se trouve en complicité avec lui. On se sent dans ses livres comme dans sa propre barque un jour de canotier siestant, sans pourtant oublier les colères nécessaires. Thomas Vinau écrit comme on gobe une cerise, comme on caresse la tête du chat, comme on plonge dans l’eau glacée du torrent, comme on fout une beigne à un sale con. Il nomme avec brio et tendresse « les pauvres et belles poussières de nos vies »*** C’est un parfait plaisir de « partager nos combustions » avec lui.

Gérard Lambert-Ullmann

*Des étoiles et des chiens, 76 inconsolés, Castor Astral, 2018.
**Interview dans le Magazine Initiales N° 2, Novembre 2015.
***Vivement pas demain, La fosse aux ours, 2022.

Les livres de Thomas Vinau :

Romans :
Marcello & co, Gallimard, 2022
Fin de saison, Gallimard, 2020
Le camp des autres, Alma, 2017
La part des nuages, Alma, 2014
Ici ça va, Alma, 2012
Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, Alma, 2011

Nouvelles et récits :
Des étoiles et des chiens, 76 inconsolés, Le Castor Astral, 2018
Collection de sombreros ? Vincent Rougier, 2017
Lettre ouverte au cours naturel des choses, Le Réalgar, 2017
76 clochards célestes ou presque, Le Castor Astral, 2016
Autre chose, Les carnets du dessert de lune, 2015
Les ailes grises, Les Venterniers, 2013
La Bête, illustrations de Sylvie Lobato, Le Réalgar, 2013

Poésie :
Vivement pas demain, La Fosse aux ours, 2022
Le cœur pur du barbare, Le Castor Astral, 2021
Le noir dedans, Sun/Sun, 2019
C’est un beau jour pour ne pas mourir, Le Castor Astral, 2019
Comme un lundi, La Fosse aux ours, 2018
Il y a des monstres qui sont très bons, Le Castor Astral, 2017
Ça joue, avec Roger Lahu, Le pédalo ivre, 2017
Bleu de travail, La Fosse aux ours, 2015
P(H)ommes de terre, avec René Lovy, La Boucherie Littéraire, 2015
Notes de bois, illustrations de Valentine Leboucq, Cousu main, 2015
Juste après la pluie, Alma, 2014
Miniatures locomotives, Asphodèle, 2013
Bric à brac hopperien, peintures de Jean-Claude Götting, Alma, 2012
Les derniers seront les derniers, Le pédalo ivre, 2012
Un pas de côté, Point Sarène, 2011
Tenir tête à l’orage, N&B, 2010
Fuyard debout, Gros textes, 2010
Little man, Asphodèle, 2010
L’âne de Richard Brautigan, Du soir au matin, 2009
Hopper city, La nuit myrtide, 2009
Les chiens errants n’ont pas besoin de capuche, Gros texts, 2008
Le trou, Du cygne, 2008
100 voyages immobiles, Vincent Rougier, 2007

Jeunesse :
Des salades, illustrations de Matt Mahlen, Donnez à voir, 2015
Du sucre sur la tête, illustration de Lisa Nanni, Motus, 2011

Son blogue : http://etc-iste.blogspot.com