Saint Denis, bout du monde

Saint-Denis, Saint-Nazaire, Saint-Étienne ! On croise pas mal de Saints dans ce livre. Mais ce ne sont que des noms de villes n’ayant rien d’angélique. Des villes écrasées par leurs usines, et dont les usines écrasent les vies. Des villes qui ont, pour ceux qui y ont trimé, un étrange attrait, mélange de familiarité et de dégoût.
Souhad n’est pas de ceux là. C’est une jeune femme élevée en France et parfaitement intégrée, agrégée de Grec et de Latin, mais qui a vu dans son enfance ce que le racisme pouvait faire à ses frères du Maghreb. C’est de se souvenir cuisant et des réflexions qu’il suscite que va naître l’aventure. Souhad rencontre un, puis deux, puis trois vieux ouvriers immigrés, et un grand noir taciturne. Ensemble ils décident de partir à la recherche du père de Souhad qui est retourné « au bled ». Mais avant, ils veulent passer revoir les villes où ils ont travaillé. Au fil de ce périple en zigzag, naitront alors toutes sortes de discussions sur le sort des immigrés, sur ce qui fait d’eux des déracinés partout, là où ils arrivent et là d’où ils sont partis. De cette sorte de road-movie pathétique, nait une fraternité que dessine une langue superbe de simplicité et de justesse. Mais ! où va t’on ?

Samuel Zaoui, Saint Denis, Bout du monde, L’aube, 17,60 euros.