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Le Canapé rouge.

mercredi 5 août 2009, par Gérard Lambert - Ullmann

Elle est dans le Transsibérien et lit sur les visages « l’histoire épuisante de ce pays, sa sombre humeur, sa démesure, sa cruelle sauvagerie, sa grandeur aussi, une tempête figée dans les yeux gris-bleu des russes ». Elle va vers le lac Baïkal pour tenter de retrouver l’homme avec qui elle a vécu longtemps et dont elle reste tendre complice. Il est parti essayer de construire là son monde idéal, écho obstiné des utopies auxquelles ils ont cru. Elle va vers lui mais c’est évidemment vers elle qu’elle va. Voyageant dans le souvenir des espoirs, des luttes, des amours, des brins d’une vie qui doit s’accommoder du passage du temps et de la vieillesse qui vient.
Et elle pense à Clémence, la vieille dame si vivante dont elle s’est faite une amie en lui racontant l’histoire des belles rebelles : Marion du Faouët, Olympe de Gouges, Milena Jesenskà. Clémence dont le canapé rouge abrite l’éternel amour. Clémence dont la vitalité lui donne la clé de la maîtrise du temps qui passe, l’énergie pour continuer à vivre. Des rencontres fugaces illuminent ce voyage : Igor, le solide silencieux ; Boris qui chante si tendrement « Les collines de Mandchourie » ; les enfants aux cerfs-volants. Et la mélancolie « qui n’est jamais triste » ouvre le passage du retour vers Clémence et vers un autre moment d’une vie sans dépit, d’une vie limpide.
Comme une vieille et belle chanson, ce livre trotte longtemps en tête après la dernière note. C’est qu’il est, lui aussi, une belle leçon de vie.

Michèle Lesbre, Le canapé rouge, Sabine Wespieser, 17 €.