Dans l’oeuvre de Jacques Josse, les bars sont fort présents. Mais ce sont des bars de bonne compagnie où tous, mécanos et matafs, fossoyeurs et poètes, lèvent le coude avec une dignité qui ne se gâte pas d’être parfois fort salée. Dans ces bistrots, ces troquets, ces rades, la mousse n’est pas simple écume. Elle se souvient d’avoir été goûtée par Hrabal et Blavier, Brautigan et Kavvadias, mais aussi par « Popeye, l’espiègle livreur des falaises, mort en mission, à flanc de coteau, encastré dans sa cabine », (...)
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Toujours à la carte
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Les buveurs de bière.
22 novembre 2008, par Gérard Lambert - Ullmann -
Pierre Autin-Grenier
22 novembre 2008, par Gérard Lambert - UllmannPierre Autin-Grenier se serait bien vu coccinelle, dit-il, plutôt qu’homme, condition pour laquelle il estime n’avoir « jamais montré une très grande aptitude ». En fait il « n’aspire qu’à vivre tranquille et léger dans la forêt vierge de ses rêveries ». Mais, voilà, il y a le monde et les hommes et ! ce qu’ils font au monde. Il faut bien s’y frotter. Alors, on le fera de préférence avec l’aide d’une chopine ou deux, et en prenant tout le recul du désabusement amusé, car on n’est pas du genre à vouloir « (...)
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Une adolescence en Gueldre
22 novembre 2008, par Gérard Lambert - UllmannSi l’on doit tomber amoureux à Amsterdam, il faut que ce soit d’une jeune fille venant « d’un siècle passé » et qui fut cette princesse aux « longues paupières à la transparence bleutée » dont un peintre anonyme d’Anvers, le « maître des demi-figures », fit le portrait troublant, il y a longtemps. Et il faut, évidemment, que ça se passe dans une taverne, « une caverne presque », dont on n’entrevoit d’abord « qu’un comptoir dont la barre de cuivre jaune luit doucement, sous les solives de chêne, dans le reflet (...)
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Du vin, du vent.
21 novembre 2008, par Gérard Lambert - UllmannIl ne sait « pas quoi faire de dieu » et « en général, c’est réciproque ». Mais, pour l’Entre-deux-mers, il se débrouille, surtout quand Cheval Blanc amène les huîtres. Néanmoins, pour une Sybille pas si vilaine, il est prêt à réussir le « tour de force imbécile » de boire de l’eau au Portugal, provoquant l’étonnement justifié d’un vieux lisboète francophone : « Vous êtes français, vous venez au Portugal et vous buvez de l’eau ! ». Le plus bête, c’est que ça n’a servi à rien. Envolée, perdue quand même, la Sybille, (...)
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Ah pourquoi Pépita ?
21 novembre 2008, par Gérard Lambert - UllmannÀ moi, il plait bien, ce papa qui chante « Ah pourquoi Pepita sans répit m’épies-tu ? » ; ce papa autant attaché aux principes qu’inapte à l’obéissance et aux sentiers battus ; ce papa qui ne s’oublie pas dans sa « déclinaison de la connerie » : Après les Pov’ cons qui doublent cinquante mètres avant le feu rouge, les Petits cons à pattes d’eph et les Vieux cons qui font tourner les tables, les Grands cons récitant leurs catéchismes politiques et les Sales cons méchants, lui, évidemment, quand il se surprend (...)
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Parfois
21 novembre 2008, par Gérard Lambert - UllmannÀ force de lancer sur le tapis vert le Dé Bleu de la poésie, le tenace Louis Dubost en a tiré de belles Idées Bleues, jolies flammèches sans autre prétention que de caresser le sourire ou l’émotion.
La dernière en date, pour lecteurs à partir de cinq ans et jusqu’à plus que centenaires, provoque, à coups de « parfois » les amateurs de mots sautillants sur la marelle de l’insolite :
Parfois, un merle, six fleurs.
Parfois, geai zero phote an ortografe.
Parfois, à Ixelles (Belgique) on ne trouve plus que des (...) -
Euphorismes
26 octobre 2008, par Gérard Lambert - UllmannSi Michel Luneau est depuis longtemps un fervent militant du parti d’en rire ce n’est nullement par cynisme ou complaisance pour le sarcasme. C’est, au contraire, parce que sa lucidité est d’une grande humanité, qu’il préfère la parer d’une dentelle de sourires. Qui a lu Gabriel, archange (Flammarion, 1996) le sait : Michel Luneau ne rit pas pour blesser mais pour aimer. Et, s’il s’adonne aujourd’hui aux Euphorismes plutôt qu’au roman pour dire ce qui le tracasse et ce qui l’exalte encore, c’est, fort (...)
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Paris, mon pote
13 octobre 2008, par Gérard Lambert - UllmannLe vieux Paris n’est plus ! Pour en retrouver un peu du sel (comme celui du boeuf gros ! ) ouvrez Paris, mon pote. On y parle d’un temps ou les moins de vingt ans n’avaient pas de prothèses électroniques ; d’un temps ou Paris n’était pas transformé en vitrine aux pavés bien cirés pour briller sur les photos des touristes japonais ; d’un temps où l’on pouvait croiser dans les rues autre chose que la course hystérique des cadres ou l’arrogante vélocratie des bobos. Giraud, alors, qui avait déjà abondamment (...)
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Traité de la cabane solitaire
13 octobre 2008, par Gérard Lambert - UllmannParfois, là où il y a du zen, il y a du plaisir. C’est la réflexion qui vient aussitôt à l’esprit après la lecture de ce livre. Car si l’auteur s’y lance de temps en temps dans quelques considérations sur le Tao, dont un lecteur comme moi se passe volontiers, il est assez lucide pour ne pas s’y attarder, concluant son propos d’un « Euh ! Quel jargon idiot ! Assez ». Il a d’ailleurs prévenu dès le début : « Simplicité, sobriété, dépouillement, solitude. Il n’est pas exclu, pourtant, qu’ici où là on entrevoie (...)
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Le soleil des vivants
13 octobre 2008, par Gérard Lambert - Ullmann« Quand les chevaux du temps s’arrêtent à ma porte Je ne puis m’empêcher de les regarder boire Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif. »
Ce poème de Jules Supervielle que Monsieur Louis aimait et que le pasteur récita à son enterrement résume clairement ce à quoi sont confrontés les personnages de ce livre : Ils sont là, les chevaux du temps, hennissant en réponse à ces autres chevaux sauvages qui reviennent chaque année dans les forêts près de Brassac, ce « pays » qui même en plein soleil (...)