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Pierre Autin-Grenier

samedi 22 novembre 2008, par Gérard Lambert - Ullmann

Pierre Autin-Grenier se serait bien vu coccinelle, dit-il, plutôt qu’homme, condition pour laquelle il estime n’avoir « jamais montré une très grande aptitude ». En fait il « n’aspire qu’à vivre tranquille et léger dans la forêt vierge de ses rêveries ». Mais, voilà, il y a le monde et les hommes et ! ce qu’ils font au monde. Il faut bien s’y frotter. Alors, on le fera de préférence avec l’aide d’une chopine ou deux, et en prenant tout le recul du désabusement amusé, car on n’est pas du genre à vouloir « catéchiser l’incrédule ».

Mais, tout de même, ce n’est pas facile tous les jours de se coltiner le pipi de chat du quotidien quand on rêve de Sierra Maestra et de copinage avec Durruti ; quand on aimerait « habiter seul un pays qui serait comme une île, avec des arbres, du vent pour tout horizon, et que ne cerneraient pas les cris des dégénérés du Palais Brongniart, les marées noires des trafiquants d’inutile, ni les grimaces comiques à force d’être répétées des possédants ».

Alors vient l’envie de se « défroquer de la camisole du quotidien » et « s’envoler de suite vers des aubes nouvelles sous des cieux de bohème ». Alors on se surprend à un peu « vitupérer contre ceux qui défendent les affameurs et leurs biens ». On dit son désir d’aller « cueillir les orchidées noires de l’anarchie ». Et, comme c’est fait avec beaucoup d’élégance débonnaire et un humour que la dérision ne gâte pas, ça réchauffe le coeur du lecteur qui partage les mêmes énervements, les mêmes rêves, et qui, lui aussi, s’étonne que soit déjà si loin cette jeunesse où « le printemps était de toutes les saisons ».

Au détour d’une de ses pages qui fleurent bon le savoir-vivre irrévérencieux, Autin-Grenier s’inquiète d’être considéré comme un
« chantre du pâté de campagne ». Qu’il se rassure, on le considère plutôt comme un gars qui sait mettre comme il faut les pieds dans le plat, mais pas avant d’avoir fini de saucer la blanquette.

Pierre Autin-Grenier est l’auteur de Je ne suis pas un héros (L’arpenteur), Toute une vie bien ratée (L’arpenteur), L‘éternité est inutile (L’arpenteur), Les radis bleus (Folio) Friterie Bar Brunetti (L’arpenteur).