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Histoires de Louis

mercredi 5 août 2009, par Gérard Lambert - Ullmann

C’est l’histoire, si l’on veut, d’un de ceux qui n’ont pas d’Histoire ; qui périssent « comme s’ils n’avaient jamais été ». Antoinette en parle à celui qui cherchait à « dessiner la lumière » et qui est ailleurs, sans doute, pour l’entendre. Elle parle de ce Louis qu’enfant elle a vu partir vers l’Espagne du « front popu » et ! revenir sans trop y être allé. De ce Louis à la vie bien petite et « grisâtre » mais qui pourtant « voulait » ! De ce Louis qui donnait « envie de soulever à sa place cet énorme poids de vie reposé sur lui comme une plaque d’égout ».

Mais elle parle surtout de l’île d’où il venait, et où elle va maintenant pour grimper la montée « d’où l’on pourrait espérer voir le tout, voir l’ensemble des choses, avec l’impression (l’illusion) qu’on va comprendre » ; de cette île, rude morceau de terre et d’algues, d’écume et de plantes dures, et de ceux qui en vivent, chichement. Elle parle avec justesse de « ce qu’on oublie ici, ce dont on se dépouille », et qui finira par s’effacer, comme le nom sur la croix du cimetière. « Perdu l’identité, étrange façon de dire, gagné l’identité, gagné la ressemblance, défait dans le terreau où se défait le reste ». Et on s’étonne de s’en trouver apaisé, tranquille. Mais c’est sans doute parce qu’elle a su nous dire que « les goélands qui crient, ça fait partie du calme ».

Antoinette Dilasser, Histoires de Louis, Le temps qu’il fait, 13 €.