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L’imitation du bonheur.

mercredi 5 août 2009, par Gérard Lambert - Ullmann

S’éloignant franchement de la Loire-Atlantique (qu’il a fortement contribué à rendre moins « inférieure ») et de son récital de pluies, Jean Rouaud plonge en aride terre Cévenole pour y romancer la rencontre entre un vagabond fiévreux, rescapé de la Commune de Paris, et la jeune épouse d’un maître soyeux. « De quoi évoquer la haute figure de l’admirable, autrement dit Eugène Varlin, de quoi convaincre que la justice et la générosité font un très honnête programme, ( ! ) de quoi découvrir ensemble que l’amour n’a pas déserté, alors que tout autour le monde ancien bascule dans la modernité ( ! ) et que le roman en aura bientôt fini avec ce genre d’histoires ».
Car, évidemment, Rouaud, qui sait que « ce domaine appartient au paradis perdu du roman », s’y prend autrement pour conter cette histoire qu’en ayant recours aux « recettes traditionnelles, dépassées, obsolètes, qui ne rendent plus compte de rien ». Il s’y prend à la manière Rouaud : en bavard séduit par « la plus belle ornithologue du monde » qui lui dit son histoire plutôt que s’en laisser conter, lui parle de ce qu’elle fut, et nous entraîne à sa suite dans l’admirable mêlée d’un passé qui ne peut être dit avec justesse qu’au présent, à ce présent éternel des manières -toujours changeantes- de chercher comment aller dans le même sens.

Jean Rouaud, L’imitation du bonheur, Gallimard, 22,50 €.