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Loin du marketing, Deuxième édition.

jeudi 26 août 2010, par Gérard Lambert - Ullmann

Prix
Loin du marketing
Deuxième édition

Comme son nom l’indique, le prix Loin du marketing est voué à honorer un écrivain dont les éditeurs n’ont pas les moyens de se payer placards en chêne dans la presse pipeule, attachées de presse aux jolies menottes, cocktails aux tam-tams et diners de connivence, renvois d’ascenseurs et de monte-charges, et, donc, ont peu de chances de voir leurs livres chroniqués dans les médias, et moins encore d’être invités par les bonimenteurs des radios et télés, pas plus que d’intéresser la plupart des libraires l’oeil scotché sur le compteur des « meilleures ventes » et contraints de « faire du chiffre » pour payer le loyer.

Le prix Loin du marketing est donc voué à honorer un écrivain qui n’a pas bénéficié des stratégies conçues pour que ça marche et qui ne peut compter que sur la qualité de ses écrits pour qu’on s’y intéresse.

Le prix Loin du marketing sera décerné chaque année le 15 août pendant le sommeil des commerciaux.

Le prix Loin du marketing est un prix strictement honorifique. Son lauréat sera au mieux gratifié d’une bonne bouffe arrosée à sa convenance s’il s’aventure jusqu’à Saint Nazaire. Sa seule récompense sera de pouvoir dire : c’est moi qui l’ai mérité !

Le second prix Loin du marketing a été attribué le 15 août 2010 à Pierre Autin-Grenier pour l’ensemble de son oeuvre.

« Du puits à fond perdu, je tirais l’eau la plus fraîche pour arroser en moi la mauvaise herbe. » Pierre Autin-Grenier.

À part L’écho du Comtat qui a su saluer de bonne heure sa plaquette de poésie (Mais la photo était floue et même son frère ne l’a pas reconnu) Pierre Autin-Grenier n’a bénéficié, depuis qu’il trouve des éditeurs pour ses livres, que de la complaisance, sans doute achetée par quelques verres de blanc, d’une critique littéraire lassée des écrivains aux décolletés télévisuels et du baroudeur d’une revue angélique dont le siège social n’est (bizarrement) pas basé aux marquises.
C’est dire combien, malgré son humour chantourné, son savoir vivre à désoler tous les gagneurs de la planète, son pessimisme joyeusement révolutionnaire (« Ce genre de temps à crapauds, plus il est noir, plus il me donne le muscle frappeur et l’humeur combative ») et ses magnifiques odes à l’andouillette et à l’entrecôte, il a su, de bonne heure, dissuader tous les fabricants d’enthousiasmes à garantie limitée mais à rentabilité « performante ».
Il était donc tout désigné pour se trouver lauréat d’un prix Loin du marketing sachant saluer son très élégant anarchisme.
« Ceux qui n’ont rien à dire parlent toujours trop fort », note t’il au sortir d’un de ces Bars-Friterie où il a su « croupignoteux, buriner dur dans la clownerie pour tenter de faire bouillir l’amère marmite du quotidien », confirmant ainsi ce que l’on est amené à vérifier à chaque « rentrée » littéraire comme à chaque discours de ministre : la nullité fait trop de tapage. Apaisons nous les tympans et les nerfs en lisant Pierre Autin-Grenier.

Les livres de Pierre Autin-Grenier :
Je ne suis pas un héros, Gallimard (L’arpenteur), 1996, Folio, 2003.
Toute une vie bien ratée, Gallimard (L’arpenteur), 1997, Folio, 1999.
L’éternité est inutile, Gallimard (L’arpenteur), 2002.
Jours anciens, L’arbre, 1980, rééditions augmentées en 1986 et 2003.
Histoires secrètes, L.-O. Four, 1982, réédition La Dragonne, 2000.
L’ange au gilet rouge, Syros, 1990, réédition Gallimard (L’arpenteur), 2007.
Les radis bleus, Le dé bleu, 1991, Folio, 2005.
Chroniques des faits, L’arbre, 1992.
Impressions de Lozère, La Margeride (Ouvrage Collectif), Presses du Languedoc, 1992.
La légende de Zahkor, L’arbre à paroles (Bruxelles), 1996, réédition Éditions en forêt/Velag Im Wald, 2002, édition trilingue (Français, Italien, Allemand).
13 quai de la pécheresse, 69000 Lyon (Roman collectif), Éditions du Ricochet, 1999.
Là-haut, Éditions du Chemin de fer, 2005.
Friterie-Bar Brunetti, Gallimard (L’arpenteur), 2005.
Un cri, Cadex, 2006.
C’est tous les jours comme ça, Finitude, 2010.